Winter Voices est à présent développé par Inner Seas, un petit studio parisien. Fondé par Kévin Lehénaff, l’auteur de Winter Voices, ce studio s’occupe principalement de poursuivre le travail effectué par Beyondthepillars sur son univers imaginaire, dans lequel trois jeux et quelques livres sont d’ores et déjà prévus.

Vous trouverez ci-dessous la réponse aux questions les plus récurrentes et importantes.



Kévin Lehénaff : Pour faire simple, Beyondthepillars a rencontré des problèmes financiers en 2010-2011 et n’a pas pu poursuivre l’aventure. Trouver de l’argent pour financer un jeu comme Winter Voices est extrêmement difficile, spécialement quand on est un petit studio méconnu. Tout le monde a fait de son mieux, du PDG aux salariés - mais au final, ce n’était pas suffisant.

Guy Lévi-Bochi le fondateur de Beyondthepillars, a investi (et perdu) 15 ans d'économies personnelles - toute ses économies - pour que ce jeu puisse voir le jour.

Au demeurant, il y a une chose qu’il faut vraiment souligner : l’équipe qui a travaillé sur Winter Voices a été d’une patience et d’une force à toute épreuve. Ces personnes n’ont pas été payées pendant des mois (jusqu’à 4 ou 5 mois pour certains !) et sont venues malgré cela tous les jours au bureau pour travailler.

Certains d’entre eux n’ont jamais reçu leur paiement. Certains d’entre eux n’ont jamais été payés pour des milliers d’euros de travail - parfois plus de dix mille euros travaillés.

N’oubliez pas, quand vous jouerez à Winter Voices, que ce jeu a été construit sur leur temps et sur leur patience. La société est, semble-t-il, une affaire d’argent, mais il y a encore des gens pour qui c’est une affaire de Personnes.

Je sais que ce n’est pas quelque chose qu’on dit généralement sur une une page web officielle mais - MERCI BEAUCOUP ! Vous avez permis à Winter Voices de survivre jusqu’à aujourd’hui - vous avez travaillé nuit et jour dessus (et malheureusement il n’y avait qu’un seul canapé) - bien sur tout n’était pas parfait, bien sur il y a eu beaucoup de problèmes humains et financiers - mais au final, ce jeu est là parce que vous étiez là. Et je préfère me rappeler des bonnes choses (comme ces horribles paravents qui étaient parfaits pour faire du volley) que toutes celles qui n’étaient pas franchement joyeuses.



Kévin Lehénaff : C’est un terme assez problématique, car il dit à la fois des choses très justes et des choses complètement fausses. A Beyondthepillars, j’avais le poste obscur de "Directeur de la Création", qui est déjà plus proche de la vérité. L’auteur, ou le directeur de la création, est celui qui imagine l’univers, écrit l’histoire, décide du design général - et quand tout cela est clair, dicte la route à suivre et vérifie que tout se produit conformément au plan.

L’auteur ne fait pas tout ! Il y a vingt personnes dans les bureaux, et ce sont ces personnes là qui développent le jeu. Certains aussi sont des artistes - comme le metteur en scène doit guider des acteurs et des caméraman à travers le texte et l’histoire, l’auteur d’un jeu guide les graphistes, les game designers et les sound designers à travers le texte et l’histoire.

C’est qu’ "auteur" signifie dans un jeu vidéo - tout du moins, dans nos jeux vidéos. Ça ne veut pas dire "écrivain", mais ça ne veut pas non plus dire "celui qui fait tout le boulot".

Tout comme un film est le résultat d’acteurs et de caméramen guidés par un directeur, Winter Voices est le résultat de graphistes, de sound designers, de dévelopeurs et de game designers guidés par un auteur.



Josselin Nauche : L’équipe de Winter Voices s’était regroupée, à l’origine, autour d’un projet de MMO par navigateur. Pour travailler sur Winter Voices, il nous a fallu choisir un langage que nous connaissions bien. L’AS3 et Flex nous permettaient de mutualiser notre travail sur les deux projets : la partie "client" du MMO, et le "petit" RPG. A cette époque (2010), Adobe et la moitié du web pensaient que les applications Air allaient conquérir le monde... Le côté standalone et multiplateforme nous a convaincu.

Après quelques épisodes, nous maîtrisions ce langage qui permettait finalement de faire bien mieux qu’un "petit" RPG. Si nous avions prévu l’ampleur que prendrait ce RPG et ces épisodes, nous aurions sans doute choisi un langage plus classique et plus robuste - comprends, C++ et OpenGL - mais dans ce cas, nous aurions eu d’autres problématiques. Nous aurions probablement acheté un moteur qui nous aurait coûté un bras... Et que nous aurions passé notre temps à patcher et à bidouiller pour lui faire faire des choses pour lesquelles il n’était pas prévu.

Au final, ce n’est pas plus mal, et nous ne regrettons pas le choix de cette technologie. Un jeu atypique ne requiert pas nécessairement un moteur classique !



Josselin Nauche : Oui, on peut facilement modder le jeu. Nous l’avons prévu spécifiquement pour que ce soit possible et facile. On peut facilement modifier (ou rajouter) les dialogues, les portraits de personnages (trop peu de personnages ont un portait à mon goût), les zones, aussi bien au niveau des graphismes que des cases marchables ou non, des actions associées à ces cases ("triggers"), des changements de zone, des batailles, des types et apparences d’ennemis, leurs sorts, vos sorts, vos invocations, vos amis imaginaires, leur apparences / sorts... Et j’en oublie !

En dehors des menus, tout est modifiable pour peu qu’on possède un éditeur de texte ou d’images. Tout n’est peut-être pas très intuitif, mais il y a suffisamment d’exemples fournis avec les épisodes pour pouvoir s’y retrouver. Pour ma part, je change toujours le skin de mon héroïne en flamèche bleu quand je fais une partie, en éditant la sauvegarde. ;-) Ou un autre style d’ennemi...

Lors du débug, en revanche, les game designers n’appréciaient pas trop mes captures d’écrans sans aucun personnage... Et comme je ne suis pas super fort, j’ai un peu trafiqué les sorts... Par exemple, j’ai fait en sorte que "fuite" coûte moins de psyché... Sauf que forcément du coup les designers me disaient "Comment t’as pu arriver là ?" - "Bein avec le sort gratuit on peut... Ah, y'a pas de sort gratuit... Ok, je sors..."



Kévin Lehénaff : Les illustrations ont été réalisées par Emmanuel "Malin" Bastid (directeur artistique) ou Annick de Clercq (aquarelle traditionnelles). Les musiques ont été composées par Balthazar Benadon. Le "level art" a été fait par Emmanuel "Malin" Bastid, Annick de Clercq, Mélanie Hellot et Léo Lasfargues. Les animations ont été réalisées par Emilie Delsescaux. Les crédits détaillées épisode par épisode peuvent être trouvés en jeu. N’hésitez pas à m’envoyer un email à kevin.lehenaff[at]innerseas[dot]com si vous voulez rentrer en contact avec l’un d’entre eux. (ou avec un autre membre de l’équipe)



Kévin Lehénaff : Nous avons décidé qu’aussi longtemps que nous en serons capables, nous continuerons les projets prévus. Notre objectif est de sortir une saison 1 complète et débuggée, puis de travailler sur une saison 2, où vous pourrez découvrir la fin du long voyage de l’héroïne. Un autre de nos objectifs est de publier une version "livre" de chaque saison. Ce sont les projets actuels.

Il y en a deux autres, pour un futur plus lointain : premièrement, le jeu au nom de code "Autumn Voices", qui retrace l’histoire d’une autre héroïne à Rosa Gallica. Je ne peux pas vous dire qui c’est, à part que vous la découvrirez dans la Saison 2... Et deuxièmement, un MMO basé sur l’univers de Winter Voices, qui devrait être très différent de tout ce qui existe à ce jour.